L’Ikebana est l’art de disposer des fleurs selon une longue tradition japonaise stimulée au début du siècle dernier par tous les courants artistiques contemporain. Expression de l’amour des Japonais pour la nature, l’arrangement floral met en évidence des qualités propres à l’art oriental : jeu de lignes, goût de l’asymétrie, concentration de l’esprit.

Dès la plus haute antiquité les Japonais vivaient en communion avec la nature et croyaient que les dieux descendaient dans les montagnes, les rochers, les cascades et les arbres. L’ikebana, l’art floral japonais, plonge ses racines dans ce profond respect que les Japonais ont toujours voué aux fleurs, aux plantes et aux arbres.

Dans les sanctuaires Shinto des branches d’arbres à feuilles persistantes étaient apportées en offrande aux esprits de la nature ; des prêtres eurent l’idée de les mettre dans des vases pour prolonger leur vie.

Avec l’introduction du bouddhisme au VIe s. apparut la coutume de placer des offrandes de fleurs dans des vases devant les représentations de Bouddha. Les premiers arrangements de fleurs furent ainsi réalisés par les prêtres.

Pendant l’époque Muromachi (1333 – 1574), très riche sur le plan artistique, l’arrangement de fleurs devint un art plastique. L’essence de l’Ikebana résida dès lors dans l’arrangement harmonieux des divers éléments végétaux, branches, feuilles, fleurs, lichens, en accord avec les saisons.

C’est ainsi que les offrandes de fleurs se transformèrent en art floral apprécié de l’aristocratie et des samouraïs; à la cour s’organisaient des jeux culturels, notamment des compétions de fleurs. Le plus ancien document sur l’ikebana date de 1486 et le célèbre Senno Kuden fut écrit en 1542 par Senno Ikenobo, moine bouddhiste, fondateur de Ikenobo Kado ou la Voie des fleurs ; il créa un ikebana chargé de signification, différent des précédentes formes essentiellement esthétiques.

Au XVIIème siècle, les femmes commencèrent à pratiquer l’Ikebana comme art d’agrément.

Dès le XIXe siècle la multiplication des écoles permit une large diffusion de cet art traditionnel. Toute famille japonaise avait dans sa maison un emplacement – le tokonoma – où était disposé, près d’une peinture ou d’une calligraphie, un arrangement floral pour la cérémonie du thé ou plus simplement pour honorer ses hôtes.

Au XXe siècle de nouvelles techniques d’expression virent le jour, laissant la créativité de l’artiste s’exprimer librement. Parallèlement l’ikebana se répandit hors des frontières du Japon.

Aujourd’hui, la pratique de l’Ikebana apprend à porter un autre regard sur la nature et à y découvrir des éléments dont le charme est souvent insoupçonné. Cet art en perpétuelle évolution permet d’intégrer la beauté dans la vie quotidienne.

Bibliographie :
The history of ikebana, Kudo Masanobu, Shufunotomo Co.Ltd, Japon,1986
Ikenobo Kadensho (The book of Ikebana), Sen’ei Ikenobo, Japon,1985
Histoire de l’ikebana, Michiko Hintermann-Dan, Suisse, 2000